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Michel Onfray

Articles avec #divers

Michel Onfray - Atlantico - 21.01.2020

21 Janvier 2020, 19:38pm

Publié par Anonyme

INTERVIEW

Michel Onfray : “Le bourrage de crâne est parvenu à un degré jamais atteint depuis qu’il y a des hommes”

Publié le 21 janvier 2020
 
 
À l'occasion de la sortie de son nouveau livre: "Grandeur du petit peuple" publié chez Albin Michel, Michel Onfray revient sur la situation politique et sociale de la France depuis l'avènement du mouvement des Gilets Jaunes. 

Atlantico : Vous dites que la bipolarisation politique se joue désormais entre Maastrichtiens libéraux de gauche et de droite et anti-Maastrichiens de droite et de gauche. Pourtant dans les urnes et les sondages, on ne retrouve pas tout à fait cette dichotomie (au 2nd tour 2017 il y avait deux candidats européens). Comme le disait Gramci, ne joue-t-on pas actuellement la bataille des idées avant une future bataille des urnes ?

Michel Onfray : Vous commettez l’erreur classique des journalistes du système de ne juger les élections qu’à partir des votants. Or la moitié de la France n’a pas voté, ce qui m’importe plus que de savoir combien ont fait FI ou le RN à la décimale près ! On pourrait aussi regarder, parmi ceux qui ont voté, ceux qui ont voté n’importe quoi – genre Parti animaliste, le parti du poisson rouge faisant jeu égal avec le PCF ! C’est dire l’état de déliquescence de la post-démocratie dans laquelle nous nous trouvons.  

Pour ne pas apposer de qualificatifs aux anti-Maastrichiens ? Quel qualificatif adopteriez vous ? Comment établir la connexion Gilets Jaunes / refus d’Etat Maastrichien ? 

Souverainistes libertaires (autrement dit : qui veulent la liberté et non la servitude, le servage, la vassalité, la féodalité à l’Etat profond qui s’est manifesté avec le Traité de Maastricht …)  contre libéraux autoritaires disposant de l’Etat maastrichien pour imposer leur doctrine et leur pouvoir… 

La connexion GJ et anti maastrichiens supposerait la constitution d’un pôle intellectuel puis politique qu’on pourrait appeler un Front Populaire à même de constituer un programme commun au-delà, au dessus, indépendamment des partis. C’est à faire… 

Vous séparez la société en deux camps, ceux qui exercent le pouvoir et ceux sur lesquels le pouvoir est exercé. (Vision marxiste : prolétaires vs bourgeoisie ?). Vous ajoutez à cela qu’il n’y a « que deux cotés à la barricade ». Une vision manichéenne qui au final n'apporte pas vraiment de réponses ?

Une vision n’est pas une réponse… La réponse se trouve dans un livre intitulé Décoloniser les provinces , il s’agit d’un programme politique proudhonien que j’ai proposé l’année des présidentielles et qui, je ne m’en suis pas étonné, n’a pas du tout été chroniqué dans la presse et, de ce fait, n’a fait l’objet d’aucun débat. 

Une vision non libérale mais libertaire, non jacobine mais girondine, non libérale mais socialiste : voilà qui permet au contraire d’apporter des réponses quand on croit varier les propositions en n’en donnant toujours qu’une seule : jacobine, parisienne, centralisatrice, libérale, maastrichienne – c’est, depuis Mitterrand en 1983, le credo de tous les présidents de la république qui se sont succédés. Les médias ont artificiellement instrumentalisé une opposition entre gauche et droite, mais qu’est-ce qui distingue Mitterrand après 1983 de Chirac ? Sarkozy de Hollande ? Tous se contentent d’effecteur des variations de style sur ce qu’il faut bien nommer… le giscardisme ! Macron compris. Mitterrand était marmoréen, Chirac jouisseur, Sarkozy énervé, Hollande apathique, Macron arrogant, mais ils défendent un même programme celui du Giscard suffisant, c’est celui de Maastricht. 

Que fait-on de ceux qui ne sont issus ni du petit peuple ni de l'élite ? 

Des déchets, des rebuts de l’histoire… Pour éviter des mots péjoratifs, je dirai : des esclaves. L’esclavage a pris des formes multiples au travers des âges. Il y un esclavagisme des régimes totalitaires du XX° siècle, noir et rouge confondus,  il y en a un autre depuis la fin du Mur de Berlin en 1989, puis de l’union soviétique en 1991, qui est celui de la domination sans partage du capitalisme planétaire : c’est celui que l’Etat maastrichien impose avec des visées impérialistes – le gouvernement planétaire en est clairement l’objectif  - je vous rappelle qu’en 2011 Attali publiait sous son nom un livre intitulé Demain qui gouvernera le monde ?  Ces dommages d’un capitalisme sans alternative commencent à générer des réactions partout sur la planète. Les Gilets Jaunes en procèdent. 

Dans le tract que vous citez dans le livre (p.83-84), il est dit qu’il est voulu une « immigration choisie » que vous approfondissez par "ni le mur ni la passoire". Nous avons donné des milliards à la Turquie, aux garde- côtes libyens, nous avons créé des camps aux portes de l’Europe en Grèce ou en Italie… L’Europe n’est-elle pas déjà un mur ?

Ou bien plutôt une passoire ! Le capitalisme veut abolir les  nations, les cultures, les frontières, les civilisations pour transformer la planète en vaste supermarché ouvert nuit et jour chaque jour de l’année. Il veut abolir les législations qui protègent les travailleurs, il veut la fin du code du travail, il veut en finir avec le pouvoir et la puissance des syndicats, il veut effacer tout ce qui est repos du travailleur – la nuit, le dimanche, les vacances, le week-end, les jours chômés, la retraite. L’arrivée massive des migrants est rendue possible par la disparition des frontières et l’effondrement de l’Etat dont tout le monde se moque : un sans papier qui devrait être reconduit chez lui ne l’est pas, un migrant arrêté est reconduit à la frontière qu’il passe à nouveau allègrement autant de fois qu’il le souhaite : c’est ce que veut le capitalisme qui a réussi à faire s’effondrer le travail devenu précarisé, donc sous-payé, grâce à cette main d’œuvre abondante dont on achète le silence en faisant savoir qu’on ne la poursuivra pas si elle n’est pas en règle avec le droit français pourvu qu’elle travaille à bas coût sans récriminer ou revendiquer. L’Etat se montre effondré et impuissant quand il s’agit de faire triompher le social mais il s’avère très actif et très efficace quand il s’agit de faire triompher ce qui le détruit. 

Pour cesser d’être esclave, il faudrait « ne plus se laisser séduire par les sirènes de la com présidentielle relayée par les médias du système » que ce soit les hommes politiques ou les médias traditionnels, leurs cotes de confiance est au plus bas dans les sondages (baromètre La Croix), comment leur influence peut-elle continuer de s’exercer alors même que les gens ne leur font plus confiance ? 

Le bourrage de crâne est parvenu à un degré jamais atteint sur cette planète depuis qu’il y a des hommes… L’usage des Smartphones adoube le plus grand instrument de servitude volontaire qui soit : l’idéologie du marché, celle de Maastricht, est matraquée partout, en tout, tout le temps. La publicité véhicule en permanence ses messages de façon sournoise et insidieuse, mais aussi l’information, privée ou d’Etat, le cinéma, qui est devenu une vaste usine à propagande, la chanson, les séries télévision, des livres promus avec les méthodes du marché : aucun régime n’a disposé de pareils instruments de décervelage puis de gavage. 

Il est difficile de se rebeller en pareil cas ! Si la rébellion passe par le vote, elle finit à la poubelle car le système est fait pour que le vainqueur soit un valet du système – je vous rappelle ce mépris du référendum  de 2005 concernant le Traité Européen. A quoi il faut ajouter ce dispositif de l’Etat maastrichien qui utilise Marine Le Pen présentée comme un fasciste et utilisée comme un lièvre dans une course de lévrier afin de faire gagner le candidat du système. 

Si la rébellion passe par la rue, elle est traitée d’abord par le mépris, puis par l’intimidation, les coups, la répression, le tabassage avec une police, une justice, une armée, une information la plupart du temps aux ordres – jusqu’à ce jour…   

Malgré ses racines de pays de penseurs, Il y a très peu, même si vous en faite parti, d’intellectuels en France présents dans l’espace public, et encore moins de mouvements intellectuels. Le dernier grand mouvement d’intellectuel a plutôt mal tourné (Nouveaux philosophes) et les autres sont apparus trop proches du pouvoir pour être crédibles et limités aux rôles d’intellectuels. Comment expliquer ce vide ? N’est-il pas nécessaire d’avoir de véritables courants de pensée pour transformer la société ?

La France est un pays où les intellectuels sont le plus souvent du côté de Platon serviteur du tyran Denys de Syracuse que de Diogène qui envoie balader Alexandre… Disons-le autrement : la liste des intellectuels qui se sont mis au service des gens de pouvoir est considérable ! Les philosophes des Lumières ont entretenu des relations coupables avec les despotes éclairés d’Europe tout autant que les penseurs du XX° qui ont donné, entre Hitler et Lénine, Trotsky et Staline,  Mao et Castro, d’incroyables cautions à des régimes ayant généré des millions de morts ! Sartre ne perdait pas une occasion de dire du général de Gaulle qu’il était un fasciste – ce qui ne lui a valu ni intimidation, ni procès, ni prison, encore moins une balle dans la tête…- alors qu’il vantait les mérites de Staline et de Mao et même de Kim Il Sung qui n’auraient guère supporté d’être critiqués, insultés ou méprisés par lui…   Je me méfie des intellectuels : dans l’histoire ils sont bien plus souvent du côté des bourreaux que du côté de leurs victimes – de Pol-Pot à, toute proportions gardées, précisons-le, Macron, la chose se vérifie sans cesse… D’où leur goût pour Sade qui théorise la jouissance du maître et de ses complices contre les petites gens. 

Vous dites que le vote ne s’effectue plus de « manière sereine libre et républicaine » notamment à cause de la propagande des médias. Mais a-t-on jamais eu une telle liberté ? À l’époque du Général de Gaulle, que vous citez en exemple sur son respect de la volonté référendaire, il y avait peu de médias (ORTF), beaucoup d’intellectuels mais pas forcément plus de liberté de vote ?

A l’époque du général de Gaulle, quand le président de la république perd une élection, il démissionne je vous le rappelle, il n’y reste pas sous prétexte de cohabitation – pour Mitterrand, ce fut à deux reprises… A cette même époque, de Gaulle le dit clairement : un média d’Etat qui parle au monde ne saurait donner au monde une image dégradante ou dégradée de la France avec l’aide de l’argent public, qui est argent d’Etat, donc argent du contribuable. C’est la règle, elle est connue. 

La règle tacite et non écrite du jour est que le mot d’ordre est à la criminalisation de toute pensée rebelle à l’Etat maastrichien ; Sartre n’était pas invité sous de Gaulle, c’était il y a soixante ans avec une seule chaine de télévision. Aujourd’hui, l’intellectuel rebelle est invité mais pour que les journalistes fassent massivement et à plusieurs son procès en direct.  En régime gaulliste on ignore, en régime maastrichien, on tabasse. Sous de Gaulle, quand l’électeur dit en 1969 qu’il n’en veut plus, le général part. C’est ça la véritable démocratie : un chef de l’Etat au service du peuple, et non l’inverse comme avec Macron pour qui le peuple doit être au service du chef de l’Etat. 

« Les gilets jaunes ne se sont pas détruits ils ont été détruits », le sont ils vraiment ? La renaissance peut-elle avoir la même forme d’expression populaire spontanée ou devra-t-elle mieux s’armer intellectuellement avant de revenir ?

Disons qu’ils sont détruits comme un feu dont il ne reste que quelques braises : il suffit de peu, un peu d’oxygène, pour que la flambée reparte ! Mais le climat insurrectionnel qui vient – incursion agressive de la CGT à la CFDT, incendie de la Rotonde, exfiltration de Macron du théâtre des Bouffes du Nord en quelques heures   (même si la communication dit qu’il a assisté à la fin de la pièce, on a tout de même vu un cortège s’enfuir sous les lazzis…), vandalisations de permanences de députés LREM, tout cela laisse croire que la colère risque de déborder celle des seuls Gilets Jaunes !

Votre livre me fait parfois penser à celui de Juan Branco, Crépuscule, car il s’attaque de front aux élites du pays. Sentez vous que le fait de vous attaquer à ces élites a des conséquences sur votre accueil dans l’espace public ?

Oui bien sûr. Mais je ne vais ni donner les détails ni me plaindre. Il est normal qu’une pensée libre gêne et que les gênés se donnent les moyens de la faire taire. C’est le jeu. 

Vous consacrez un chapitre à votre vision de l’Homme en disant , avant de rebondir sur la présence des femmes que vous qualifiez de « cœur nucléaire des GJ ». Quelle est l’importance de leur activité dans le mouvement GJ, au contraire du « virilisme » dont vous dites qu’il a fait « beaucoup de mal » au mouvement ?

Je n’ai pas aimé l’absence de retenue de certaines vedettes masculines des Gilets Jaunes qui expérimentaient le pouvoir qu’elles se découvraient soudain parce que les médias le leur donnaient, avant de le leur reprendre comme il était prévu. Toutes les femmes GJ que j’ai pu voir sur les plateaux de télé m’ont souvent paru plus dignes. Je n’aime pas le coté treillis du chasseur ou gouaille du toréador d’un jour qu’on a pu voir ici ou là. Je rappelle que Jacline Mouraud ou Ingrid Levavasseur ont vu leurs vies ravagées par quelques GJ mâles jouissant de l’exercice de leur testostérone. 

Ma préférence va aux girondines de la Révolution françaises plutôt qu’à ses mâles jacobins : plutôt Charlotte Corday que Marat, plutôt Olympe de Gouges et Théroigne de Méricourt que Robespierre et Saint-Just.

Propos recueillis par Victor Mauriat

https://www.atlantico.fr/decryptage/3586185/michel-onfray--le-bourrage-de-crane-est-parvenu-a-un-degre-jamais-atteint-depuis-qu-il-y-a-des-hommes-gilets-jaunes-emmanuel-macron-politique-societe-philosophie-michel-onfray

 

Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019

23 Juin 2019, 16:36pm

Publié par Anonyme

Adresse du musée : Via da Marias 67, 7514 Sils im Engadin/Segl

Heure d’ouverture : en été de 15h à 18h (sauf lundi)

Prix : CHF 8.- (CHF 4.- pour les étudiants)

 

Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019
Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019
Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019
Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019
Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019
Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019
Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019
Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019
Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019
Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019
Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019
Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019
Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019
Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019
Musée Nietzsche à Sils Maria, Engadin (Suisse) - 23.06.2019

Michel Onfray - La manifestation de la colère du peuple était inéluctable (Figaro Magazine) - 11 janvier 2019

13 Janvier 2019, 16:44pm

Publié par Anonyme

Lien de l'hebdo : ici

Extrait de l'article : ici

Michel Onfray - La manifestation de la colère du peuple était inéluctable (Figaro Magazine) - 11 janvier 2019
Michel Onfray - La manifestation de la colère du peuple était inéluctable (Figaro Magazine) - 11 janvier 2019

Tiré du site : https://eldorhaan.wordpress.com/2019/01/13/michel-onfray-la-manifestation-de-la-colere-du-peuple-etait-ineluctable/

Michel Onfray : «La manifestation de la colère du peuple était inéluctable»

 

Dans un nouvel essai qui fera date, le philosophe revisite l’Antiquité romaine pour y puiser une morale face au nihilisme contemporain. L’occasion d’évoquer avec lui la vie, la mort, le courage, l’impossibilité de débattre en France, Emmanuel Macron,
le mouvement des «gilets jaunes» et le spectre de la Révolution française…

Dans les premières pages de Sagesse, votre nouveau livre, vous faites revivre Pompéi au point que le lecteur se retrouve plongé dans l’Antiquité romaine. D’où vous vient votre passion pour cette période?

De ma rencontre avec Lucien Jerphagnon quand je suis arrivé à l’université de Caen. Il a été mon professeur de philosophie
antique et m’a subjugué avec un cours sur Lucrèce. J’ai alors suivi des cours d’histoire romaine et d’archéologie antique afin de mieux entrer dans ce monde-là. C’était il y a plus de quarante ans…

À travers ce livre, vous opposez une philosophie théorique grecque et une philosophie pratique romaine. Vous vous placez résolument du côté de Rome. Pourquoi?

Parce que le lignage grec a triomphé avec le judéo-christianisme, qui est un idéalisme forcené puisqu’il tient pour plus vrai ce qui n’existe pas, un ciel habité plutôt que ce qui existe. La philosophie allemande domine le paysage philosophique depuis
l’idéalisme kantien jusqu’à la phénoménologie heideggérienne. Elle a accouché du déconstructionnisme via le structuralisme, la forme ultime de l’idéalisme. Ce lignage accouche de professeurs qui ne pensent la discipline que dans la transmission
incestueuse à des disciples soumis dans l’Institution. Le vocabulaire hypertechnique qui exclut le non-initié sert de signe de reconnaissance à la tribu et permet en même temps d’éloigner les gueux – auxquels je m’adressais à l’Université populaire
de Caen.

Rome n’aspire pas à faire des professeurs, c’est-à-dire des sophistes et des rhéteurs, des dialecticiens et des casuistes, mais des hommes sages dans leur vie quotidienne. La sagesse pratique est l’objectif romain alors que celui des Grecs est très
souvent l’art philosophique pour l’art.

Le débat intellectuel en France est-il confisqué par les héritiers d’une philosophie grecque désincarnée? Leur goût pour l’abstraction explique-t-il la difficulté de débattre?

Non, ce qui explique la difficulté de débattre en France, c’est l’importance que joue la Révolution française dans l’imaginaire intellectuel français. 1793, la Terreur, le gouvernement révolutionnaire, le tribunal du même nom et Robespierre ont fait
de la guillotine l’horizon rhétorique de prédilection du «gauchisme culturel», pour utiliser une expression de Jean-Pierre Le Goff, qui est le lot commun de l’intelligentsia française – y compris si souvent à «droite».

Vous opposez également la morale du courage de la civilisation gréco-romaine à la morale du pathos de la civilisation judéo-chrétienne, que vous comparez à un immense «pleuroir»…

Dans un chapitre, je propose une philosophie du rire et des larmes et constate qu’à Rome on pleure, certes, mais qu’on ne pleurniche pas comme saint Augustin. Voyez Les Confessions: Augustin n’arrête pas de «chialer» comme aurait dit mon vieux
maître Lucien Jerphagnon. Même chose avec sa mère, qui est une fontaine…

La vertu des vertus chez les Romains c’est le courage, elle oblige donc à faire face, à faire front – donc à ne pas pleurer. Chez les premiers chrétiens, la vertu des vertus est le martyre: mais quel courage y a-t-il à mourir quand on croit qu’à l’issue
de ce sacrifice on va retrouver ses morts et Dieu pour l’éternité? Voilà pourquoi le christianisme chérit la mort et pleure de joie à l’idée d’une vie éternelle en compagnie de Dieu.

N’avez-vous pas tendance à noircir le christianisme? Notre civilisation n’a-t-elle pas aussi produit de grandes choses?

Ne me faites pas dire le contraire: bien sûr que oui! Je suis athée, mais un athée chrétien parce que je ne peux éviter d’être un pur produit du judéo-christianisme y compris dans mon athéisme! La première formulation concrète de l’athéisme provient
du curé Meslier, au début du XVIIIe siècle et, au siècle suivant, la première charge philosophique la plus destructive contre le christianisme vient de Nietzsche qui était fils, petit-fils de pasteur et lui-même destiné à l’être.

Vous qui détestez la corrida, vous allez jusqu’à faire l’éloge des combats de gladiateurs. Pourquoi?

La gladiature n’est connue que par le péplum ou la peinture de péplum qui donne l’impulsion au cinéma – je songe à Gérôme, que j’adore. Et le cinéma, ici comme ailleurs, parvient à imposer une fiction en lieu et place de la réalité. Le péplum est
un art chrétien avec des Romains méchants qui persécutent les gentils chrétiens avant que le méchant légionnaire ne trouve le chemin de Jésus via une belle et gentille esclave qui le convertit à l’amour. Pour ce faire, le Romain doit être sanguinaire,
barbare. Et quoi de mieux, pour étayer cette fiction, que d’instrumentaliser la gladiature?

Or, elle obéit à des règles du jeu très précises, avec un arbitre: avez-vous jamais vu l’arbitre dans un péplum? Jamais. La gladiature, sport populaire, permet aux Romains de mettre en scène ce qu’ils chérissent le plus: le courage. La mort n’en est
pas forcément l’issue. Quant à la corrida, elle propose de faire de la souffrance animale un spectacle, c’est indéfendable. L’histoire de la gladiature est longue et ses règles ont changé. Rite religieux au départ, pur spectacle ensuite, elle
finit par être un genre de sport et finit dépravée avec certains empereurs qui étaient eux-mêmes dépravés – je songe à Commode, le fils, hélas, de Marc Aurèle. Sous l’empire, les gladiateurs sont volontaires, professionnels. Ils ne meurent pas
toujours, peuvent arrêter de combattre et devenir entraîneurs. Et puis, on ne le dit jamais, il y avait aussi des femmes gladiatrices!

On a le sentiment que vous vous identifiez à la figure du gladiateur, à son courage…

Je crois en effet que le courage est la vertu des vertus et que chacun, là où il est, doit en manifester. Le philosophe le devrait aussi, lui plus qu’un autre puisqu’il fait profession de vertu.

Votre livre ressemble à un manuel pratique de sagesse où vous tentez de répondre à différentes questions que tout le monde se pose pour mieux vivre. On devine cependant que certaines vous hantent peut-être aujourd’hui plus que d’autres notamment après votre AVC: «Comment vieillir?» ou encore «Comment mourir?»…

C’est un livre de partage et de transmission. Pour ma part, j’ai vécu assez de choses, deuils et maladies, âge et expériences, pour n’être plus à l’heure de la réflexion mais à celle du partage des acquis de la réflexion. Après Décadence, qui
racontait le fissurage de notre civilisation, j’ai reçu beaucoup de courrier me demandant: «Et on fait quoi maintenant?» J’ai eu à cœur d’écrire ce livre pour expliquer comment on pouvait vivre concrètement au pied d’un volcan, quelle morale était
possible afin de vivre et de mourir debout.

» LIRE AUSSI – L’écriture, la mort, les médias, la politique: les confidences du philosophe Michel Onfray

Vous avez malheureusement eu l’occasion de méditer ces questions ces derniers mois…

Mon premier pépin de santé date de 1988, un infarctus. Il y a eu ensuite un accident cardiaque, puis deux AVC: j’ai eu longuement le temps de me faire un avis sur la question! J’ai perdu ma compagne d’un cancer qui a duré treize ans, mon père est
mort dans mes bras, je ne crains ni la vieillesse ni la mort. La suite dira si je persiste dans cette sérénité.

Vous tentez également de répondre à la question de l’engendrement. Ne regrettez-vous jamais de ne pas avoir eu d’enfants? Pourquoi?

Je ne regrette pas du tout. J’aime les enfants et n’ai jamais voulu leur offrir une vie dans un monde où les prospérités vont si souvent au vice et les malheurs à la vertu. Je n’avais envie ni d’éduquer au vice, si souvent payant, ni d’écarter la
vertu, tellement souvent peu payée de retour.

Vous aviez prévu l’effondrement de Macron. Avez-vous tout de même été surpris par le mouvement des «gilets jaunes»?

Je sais, depuis mon enfance dans un milieu pauvre, la misère induite par la paupérisation, qui s’avère inséparable du capitalisme libéral. Je savais aussi que le virage libéral du Parti socialiste en 1983 et son ralliement au marché avec une accélération
causée par l’État maastrichtien en 1992 aggravait les choses. Je savais inéluctable la manifestation de cette colère et l’ai beaucoup écrit depuis une vingtaine d’années. Je n’ai donc pas été surpris par la fronde mais par les formes prises par
cette insurrection.

Ce peuple qui s’est soulevé a longtemps été absent des écrans radars médiatique et politique. Vous réjouissez-vous de le voir sortir de son invisibilité?

Totalement! J’ai écrit tout de suite sur le site de ma web télévision et, jusqu’à ce jour, combien ce peuple que j’avais appelé old school dans un entretien au Figaro et qui m’avait valu les insultes de la presse maastrichtienne, était le mien.
Ce qui me réjouit plus que tout, c’est que ce mouvement révèle, au sens photographique du terme, l’état critique de notre société : on voit désormais comment fonctionne la presse connivente, qu’elle soit privée ou d’État – elle est de toute
façon subventionnée par le contribuable – pour imposer la loi de l’État maastrichtien ; on voit combien des journalistes, des éditocrates et un grand nombre d’intellectuels, de «chercheurs» ou d’universitaires, eux aussi payés par l’État,
sont connivents avec le pouvoir ; on voit combien le ministère de l’Intérieur, l’Élysée, Matignon, les communicants du Château n’ont pas reculé devant les moyens les moins démocratiques, donc les plus bas, pour bâillonner un peuple qui a
faim: insultes, mépris, désinformation, attaques ad hominem, instrumentalisation, donc banalisation, de l’antisémitisme, du racisme, de l’homophobie, du fascisme, tabassages, mutilations (de terribles photos sur le net en témoignent), arrestations
policières, filatures et arrestation de Julien Coupat ou d’Éric Drouet… La France, patrie des droits de l’homme? Je crois que Macron a considérablement abîmé l’image de la France dans le monde en très peu de temps.

Doit-on aller vers plus de démocratie directe pour sortir de cette crise démocratique?

C’est toute la thèse de Décoloniser les provinces: je crois à un socialisme libertaire qui n’a rien à voir avec le socialisme de droite des socialistes et des libéraux maastrichtiens ou avec le socialisme des barbelés cher au cœur des robespierristes
de tout poil. C’est celui de Proudhon, qui met la liberté au-dessus de tout et suppose un communalisme libertaire à même d’en finir avec le jacobinisme et le centralisme parisien. Pareille organisation est autogestionnaire, elle part de la base,
elle instaure la démocratie directe avec des élus révocables grâce au mandat impératif.

Elle refuse la violence et tout ce qui s’avère liberticide. L’État n’y est pas un instrument de coercition jacobin mais la garantie girondine du fonctionnement vraiment décentralisé de la démocratie – c’est dans Théorie de la propriété de Proudhon.
Cette option politique n’a jamais triomphé dans l’histoire parce qu’elle a toujours eu en face d’elle des violents liberticides de droite et de gauche. Encore aujourd’hui, ils sont là, embusqués.

Vous avez souvent dénoncé la dimension totalitaire de la Révolution française. Les violences de certains «gilets jaunes» ne vous inquiètent-elles pas?

Si, bien sûr. J’ai beaucoup lu et je lis beaucoup sur la Révolution française. Et je ne vois que trop le parallèle. Je relis ces temps-ci les pages que Taine consacre aux premières semaines de la Révolution française. Le mépris que Macron oppose depuis
plus d’un mois à cette parole de gens qui veulent du pain se double d’arrogance et de morgue, de suffisance et d’autoritarisme, de propagande et de coups bas: c’est la bonne recette pour en arriver au sang. Or, une fois le premier sang versé,
plus rien n’est susceptible d’être contenu.

Michel Onfray - Vivre heureux comme un romain (Le Point) - 03.01.2019

13 Janvier 2019, 16:37pm

Publié par Anonyme

Michel Onfray - Vivre heureux comme un romain (Le Point) - 03.01.2019

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Michel Onfray, vivre heureux comme un Romain

Michel Onfray publie « Sagesse » (Albin Michel/Flammarion), un revigorant éloge de la philosophie romaine. Voici comment elle peut nous aider aujourd’hui.

Après « Décadence », reconstruction ! C’est comme ça que l’on a compris « Sagesse », le nouveau livre de Michel Onfray, 500 pages qui remontent à la Rome antique pour essayer de trouver des remèdes à « notre Occident nihiliste », écrit-il. Cicéron, Tite-Live, Quintillien, Sénèque,Epictète, Marc Aurèle, Pline, l’Ancien et le Jeune, ils sont tous là, pour fournir leur dose de stoïcisme et d’épicurisme à une époque qui en manque tant. L’occasion, pour Onfray, de réhabiliter le suicide pour l’honneur et les gladiateurs, sur lesquels on aurait raconté n’importe quoi. Savez-vous qu’il existait de...

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Michel Onfray : « Un philosophe devrait être un gladiateur »

À la lumière des penseurs romains, le philosophe Michel Onfray explique comment vivre droit et debout face à la crise que connaît l'Occident.

Le Point : « Savoir vivre au pied d'un volcan » est le sous-titre de « Sagesse ». Le volcan symbolise l'effondrement de notre civilisation que vous avez décrit dans « Décadence ». En quoi vivre comme un Romain nous empêchera-t-il d'être recouverts de cendres ?

Michel Onfray : La fréquentation des auteurs romains ne nous empêchera pas d'être recouverts de cendres ! Mais on trouve dans leur philosophie de quoi vivre droit et debout en attendant la catastrophe. La philosophie romaine a été discréditée par Hegel puis par Heidegger. Rome propose des exemples à suivre et non, comme les Grecs, des...

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FOG - Michel Onfray au pied du volcan

Face à la crise existentielle de notre civilisation, Michel Onfray invite à la célébration des penseurs romains.

Dis-moi où tu habites, je te dirai qui tu es. Si vous voulez comprendre Michel Onfray, allez en Martinique, du côté de la montagne Pelée dont les « nuées ardentes » de l’éruption de 1902, mélange de cendres, gaz, blocs volcaniques, ont fait près de 30 000 morts. 

Ce n’était pas la première éruption de la montagne Pelée, ce ne sera pas la dernière. Le volcan est resté actif et c’est à ses pieds que notre philosophe national a décidé de se retirer de temps en temps du monde, dans un paysage d’une beauté à tomber, où la terre et le sable sont quasi noirs, souvenir de la plus grande éruption vo...

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L’art d’être romain : petites leçons de savoir-vivre

Apprivoiser la mort, respecter les anciens, préférer le concret aux concepts… Les leçons de « Sagesse » (Albin Michel), le nouveau livre de Michel Onfray.

Extraits

La leçon du Vésuve 

Si le monde doit disparaître, qu’on ne disparaisse pas, soi-même, avant l’heure, ce qui serait donner raison au monde et tort à soi-même. Pline l’Ancien donne l’exemple : sous la pluie de cendres et de feu qui va le tuer, il prend un bain, il dîne, il manifeste de la gaieté, il se rend aimable, il dort, il ronfle même bruyamment. Le souci de soi est un devoir. 

Quand l’heure est venue de mourir, il ne convoque pas le ban et l’arrière-ban. Son neveu raconte la scène, elle est un antidote à la mort chrétienne parfumée aux fleurs du mal : on étend un drap à même le...

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Les étonnants conseils de Jerphagnon à Michel Onfray

Le 10 novembre 1993, Lucien Jerphagnon, qui fut le professeur de philosophie de Michel Onfray, lui écrit quelques conseils d'ami. Extraits.

Lettre de Lucien Jerphagnon adressée à Michel Onfray le 10 novembre 1993 

« Merci, mon cher Michel, pour votre lettre et votre livre.

Oui, le "229 point rouge" - hé oui ! - est fort beau, et j'aimerais que l'éditeur en fût félicité : c'est trop rare pour n'être pas souligné, et le vieux cognoisseur que je suis a plaisir à dire sa satisfaction devant cette œuvre d'art. Et puis, quant au contenu, il est bon que vous foutiez le bordel - quelle autre expression répondrait à mes normes artistiques - comme vous le dites fort bien,

a) j'apprends quelque chose (72 ans que je ne fais que ça…) ;

b...

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Un Cahier de l'Herne consacré au philosophe paraît avec son premier texte, « Carnet jaune ». Malgré quelques maladresses, il préfigure son œuvre à venir.

Michel Onfray avec ses parents et son frère cadet, au début des années 1960.

Voici donc le tout premier texte écrit par Michel Onfray à l'âge de 11 ans. Il tire son nom (comme « Le cahier bleu » et « Le cahier brun » de Wittgenstein) de la couleur du carnet de la marque Héraklès sur lequel il a été écrit. Michel Onfray avait déjà évoqué, de façon allusive, l'écriture de ce type de texte narratif au détour d'une page du « Désir d'être un volcan ». Etrangement, il pratiquera par la suite à peu près tous les genres (essai, théâtre, poésie, journal, chronique d'actualité, traité), sauf : le roman ou la nouvelle, se disant incapable d'imagination et trop obsédé par le ré...

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Michel Onfray publie son 100e livre et entre dans les Cahiers de l'Herne

Le Point, magazine

Le philosophe Michel Onfray, un des intellectuels français contemporains les plus lus à l'étranger, publie son 100e livre et, à 60 ans, devient le plus jeune auteur à faire son entrée dans la prestigieuse collection des Cahiers de l'Herne.

Qualifié de "péplum philosophique" par l'éditeur Gilles Haéri, le patron des éditions Albin Michel, "Sagesse", le 100e ouvrage du philosophe, revisite l'Antiquité romaine dans le but d'y trouver des réponses aux questions qui se posent aujourd'hui dans "notre Occident nihiliste".

"Cent livres c'est un tour de force ! Cela fait 30.000 pages, l'équivalent de la Comédie humaine" de Balzac, a fait remarquer Gilles Haéri au cours d'une réception organisée cette semaine à Paris pour fêter les 60 ans de Michel Onfray avec ses amis, dont l'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, l'éditeur Jean-Claude Fasquelle ou les peintres Ernest Pignon-Ernest et Robert Combas.

Quand l'éditeur tance gentiment le philosophe en lui faisant remarquer qu'il a écrit huit livres au cours de la seule année 2018 ("Michel, huit, c'est un peu beaucoup"), le philosophe répond : "C'est probablement trop, mais je ne peux pas lever le pied. Je suis comme un coureur qui court à sa vitesse et à sa mesure. J'ai besoin d'écrire".

Le philosophe explique dans "Sagesse" comment se comporter quand le monde s'écroule.

"+Sagesse+ n'est rien d'autre qu'un livre qui se propose de retrouver le courage face à la mort pour tous ceux qui ne croient pas en Dieu", résume-t-il. Pour cela, il invite ses lecteurs à marcher dans les pas de Cincinnatus, Lucrèce, Sénèque, Pline, Cicéron, Epictète ou Marc Aurèle. "Un philosophe devrait être un gladiateur", assène-t-il, n'hésitant pas à qualifier saint Augustin de "chialeur".

"Au pied du volcan qui gronde et menace d'exploser, savoir vivre ici et maintenant, droit, debout, vertical, voilà la seule tâche qui nous incombe", dit-il.

Troisième volet de sa "Brève encyclopédie du monde", "Sagesse" bénéficie d'un tirage exceptionnel pour un essai de 100.000 exemplaires. Les deux premiers volets de cette série ("Cosmos" et "Décadence") se sont écoulés à plus de 260.000 exemplaires. Trois autres tomes sont à suivre. Le philosophe est traduit en 28 langues.

"Savoir mourir, c'est savoir vivre"

Le livre de plus de 500 pages (qui se lit comme un roman) peut également être vu comme un manuel pratique sur la façon de vivre. Les différents chapitres sont autant de questions que tout un chacun peut se poser : "Comment bien vieillir ?", "Que faire de son temps ?", "Comment apprivoiser la mort ?". Le philosophe libertaire ne craint pas d'évoquer la question taboue du suicide dans le chapitre "Comment faut-il quitter la vie ?". "Savoir mourir, c'est savoir vivre", proclame-t-il.

Parallèlement à la sortie de son centième livre, le philosophe a le privilège de faire son entrée dans la collection des Cahiers de l'Herne, revue qui depuis plus de 50 ans met en avant les figures capitales de la littérature et de la pensée.

L'enjeu de ce Cahier est "de faire un point sur l'oeuvre et la pensée" d'Onfray, résume Henri de Monvallier, agrégé de philosophie, qui a dirigé l'ouvrage.

"Onfray", regrette Henri de Monvallier, "est souvent réduit à son personnage public de philosophe polémiste, +flingueur+ et démonteur d'idoles (les monothéismes, Freud, Sartre...) mais l'ensemble de son oeuvre ne se résume pas à cette dimension critique".

Michel Onfray est habitué des jugements à l'emporte-pièce. Soutien des "gilets jaunes", le philosophe issu d'un milieu très modeste (son père était ouvrier agricole et sa mère femme de ménage) a ainsi comparé vendredi le président Emmanuel Macron aux empereurs romains Caligula et Néron.

Le Cahier permet de découvrir un Onfray méconnu. On y trouve notamment "Carnet jaune", premier texte (une fiction assez émouvante à la première personne), écrit par Michel Onfray à l'âge de 11 ans et un récit désopilant, écrit par le philosophe en 2017, intitulé "Brève histoire philosophique des dents. Antimanuel à l'usage de mon dentiste".

Parmi les nombreux contributeurs du Cahier on relève les noms, parfois inattendus, du compositeur Karol Beffa, du poète Christian Bobin, du chef cuisinier Michel Bruneau ou encore de l'ethnologue Jean Malaurie, tous amis du philosophe.

Michel Onfray - Fin de l’UP ? Soutenez Onfray svp

29 Septembre 2018, 12:50pm

Publié par Anonyme

 

Communiqué de Michel Onfray

J’apprends ce jeudi 27 septembre par Patrick Frémeaux, l’éditeur sonore de mes cours à l’université populaire de Caen, que Sandrine Treiner, directrice de FranceCulture, met fin unilatéralement à la collaboration qui permettait la diffusion de mon cours sur la chaine qu’elle dirige - avec pour tutelle un ministre nommé par Emmanuel Macron… Elle a pour argument que je suis injoignable par téléphone! Il ne parvient pas à me convaincre puisque je n’ai reçu ni appel ni aucun autre signe de la part de Sandrine Treiner depuis des mois et que, bien sûr, j’aurais répondu si j’en avais reçu ne seraitce qu’un seul.

Pour la deuxième année, la ville de Caen n’a pas été capable de trouver un lieu susceptible de m’accueillir pour que je puisse y donner gratuitement les quatorze séances de mon cours. Joël Bruneau et son équipe avaient pourtant le choix du jour et des horaires.

Dans ces conditions, je ne donnerai pas cours cette année, ni les années qui suivront. Ma participation à l’UP de Caen est donc terminée.

Dorothée Schwartz, qui porte l’aventure à bout de bras avec moi depuis 2002, assurera l’intendance de l’UP pour l’année qui vient. L’inauguration de la saison prochaine se fera sans moi le 12 octobre à 18h00 au conservatoire de musique de Caen. L’aventure est désormais entre les mains de tel ou tel de l’équipe qui souhaiterait reprendre le flambeau.

La lutte contre les idées du FN, qui avait motivé la création de l’UP en 2002, doit donc désormais être élargie à tous ceux qui mettent en péril la liberté de conscience, de pensée et d’expression. Ils sont bien plus nombreux qu’à l’époque. Plus nombreux et d’autant plus dangereux qu’ils sont désormais au pouvoir.  
 
Michel Onfray

 


https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/u-p-fin

Michel Onfray - Le deuil de la mélancolie (Ed. Robert Laffon) - 06.09.2018

8 Septembre 2018, 07:58am

Publié par Anonyme

Le plus beau, le plus poignant, le plus osé, le plus mélancolique des livres de Michel Onfray. Je n’ai pas pour habitude d’écrire ce qui précède et surtout ceci : Michel Onfray ton livre m’a fait pleuré. Après toutes ces années de lecture, relecture, écoute j’ai bien compris le sens de « solipsisme », on souffre seul... Merci pour ce livre, merci pour toutes ces années, tous tes livres, tes conférences, tes débats. Tu as su tenir ta promesse, tu as montré au monde ta rectitude, ta droiture, ton mépris de l’injustice... qualités que possédaient ton père et ta compagne. 

Merci mille fois...

Michel Onfray - Le deuil de la mélancolie (Ed. Robert Laffon) - 06.09.2018